C’est avec enthousiasme que nous répondons à l’invitation de France Nature Environnement pour participer à un webinaire sur un sujet qui nous tient particulièrement à cœur : « Mécanisation agricole low-tech et traction animale« . Venez échanger avec nous !
📢 Participez à notre webinaire exclusif !
Nous avons le plaisir de vous inviter à un webinaire dédié à la mécanisation agricole low-tech et à la traction animale, des alternatives pour une agriculture plus résiliente et autonome.
📅 Mardi 25 février 🕒 De 15h à 16h30 📍 En visioconférence
🌱 Nourrir la population d’aujourd’hui sans compromettre l’avenir
Face aux défis environnementaux et aux limites du système agricole actuel (dégradation des sols, dépendance aux intrants, tensions sur l’eau…), il est essentiel d’explorer des pratiques alternatives plus sobres et durables.
🔎 Lors de ce webinaire, nous aborderons plusieurs questions : ✔️ En quoi la traction animale et les outils low-tech permettent-ils une agriculture plus autonome et résiliente ? ✔️ Peuvent-ils répondre aux enjeux de production en quantité et en qualité ? ✔️ Ces modèles alternatifs sont-ils généralisables ?
🎤 Nos intervenants :
Denis ADAM – Concepteur industriel & paysan, dirigeant de « La Petite Ferme de Chanon » (Jura)
Camille GUERINEAU – Conseillère filière équipe à la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire
Pierre FONTAINE – Chargé de projets à l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Équitation)
Ne manquez pas cette occasion d’échanger sur ces solutions innovantes et adaptées aux enjeux agricoles d’aujourd’hui et de demain.
À bientôt ! 🌾
edit du 25 mars 2025 :
la vidéo peut être vue sur la chaine youtube de Jura Nature Environnement :
Pour renforcer l’équipe chevaline de la ferme, nous sommes à la recherche d’un cheval de trait, idéalement une jument percheronne, pour le travail agricole (tempérament froid).
Age entre 3 / 4 ans avec un peu de taille (plus d’1m70 si possible). Bien débourré pour un début de travail au petit printemps.
Les revendications des paysans et des agriculteurs sont t’elles les mêmes ? Nul doute qu’il y ai de grosses différences. La plupart d’entre nous bossent pourtant pour des clopinettes et le fait que ce soit des métiers « passion » ne devrait pas en être la justification … au contraire n’est ce pas ?
Dans le tableau tranquille ou nous vivons, nos vaches, en liberté totale toute l’année, font partie de la nature environnante. Il y a une sorte d’harmonie primitive, une coexistence paisible entre l’animal et son habitat naturel. Cette scène, met un voile pudique sur une réalité exigeante tant pour les vaches que pour nous qui en avons la charge. Cette vie semi-sauvage de nos vaches est doublement bénéfique : d’une part, elle contribue à leur bien-être par la libre expression de leur instinct, d’autre part, nos vaches sont les actrices inconscientes de l’équilibre entre les prairies et la foret
Pourtant, au-delà des défis quotidiens de l’élevage en plein air, des moments plus tragiques surviennent.
Nos vaches si proche de la nature, expriment leur instinct maternel en cachant leurs veaux lors de la mise bas. C’est un comportement naturel et souhaitable dans l’environnement semi-sauvage dans lequel elles évoluent, mais qui peut parfois mener à des conséquences bien triste.
C’est un soir d’été, un soir de canicule ; depuis le matin précédent nous cherchons une mère et son veau. Cela faisait quelques jours que le ventre de la vache était devenu disproportionné et qu’elle était devenue distante du reste du troupeau. Elle s’était isolée pour mettre bas.
En général c’est une recherche que nous faisons de bonne humeur, car une naissance c’est l’avenir de la ferme ! Ces recherches ne sont pas chose aisée dans nos montagnes du Jura avec ses taillis bien impénétrables. Les chiens nous aident mais ils faut prendre garde à ce qu’il n’effraie ni le veau, ni la mère qui nous chargerait illico.
La veille, à la tombé du jour, nous avons aperçu le veau et son comportement n’a rien auguré de bon : il était famélique et couvert de ces marques jaunes maudites. Ces marques jaunes sont des œufs myases, des mouches carnassières.
L’agressivité de la mère, décuplée par la vulnérabilité de son veau et l’absence de tétée d’un petit qui n’en avait déjà plus la force, nous avait empêché de l’approcher.
Contraint par la tombée du jour nous avons du rentrer. Toute la nuit cela nous a tordu les boyaux de ne pouvoir rien y faire. Car nous le savions : cette petite bête était condamnée à être mangée vivante par les asticots. Un cauchemar.
Toute la journée nous les avons cherché. La mère à mis les bouchées double pour cacher sa progéniture rendue vulnérable.
Et là, maintenant nous le voyons. Trop tard pour être sauvé bien sur ; la veille c’était déjà trop tard de toute façon. Nous voyons une petite chose couchée sur le flanc les yeux vitreux dans une posture qui semble avoir été une course désespérée arrêté net en plein vol. Il ne lui reste de vie que ce qu’il faut que pour sa souffrance soit intolérable.
On se surprend à retenir sa respiration. La chaleur du soleil est toujours là, sa lumière dans la végétation est toujours là, mais elle semble sourde, en suspend. Un geste pesant, comme ralenti, un bout de l’autre monde se dévoile un instant. En silence.
En partant on trouve la mère, seule au milieu d’un pré, à quelques pas de là ou son veau gît désormais. On ne l’avait pas vue. On se trouve les bras lourd. Oui, c’est la nature, mais on le pleure quand même ce petit veau.
Mea-culpa pour cette absence de plusieurs mois sur les réseaux et pour l’arrêt temporaire de l’accueil à la ferme.
C’était pour la bonne cause : La ferme a vu sa surface augmenter significativement sur le village de Vouglans. Rassurez vous, nous restons bien une « petite » ferme au sens agricole moderne mais nous avons malgré tout changé de division !
Une bonne part de notre énergie à dû être mobilisée pour franchir cette marche. Nous profitons de cette occasion pour rendre honneur aux personnes qui ont rendu cela possible :
A toi, René. L’Ancien, le Paysan, qui nous a légué un peu de ta vie en consentant à la mutation d’une partie des terres dont tu avais la charge.
A vous, Mr Retord, maire de Lect, et votre conseil municipal. Merci d’avoir créé l’opportunité et d’avoir ménagé les susceptibilités de chacun.
A vous, les multiples propriétaires de parcelles plus ou moins grandes. Des terres tombées dans l’oubli ou, au contraire, transmises dans la famille comme des souvenirs du temps jadis. Oui, nous devons aller vous voir tous ! Ce sera fait avec un peu de temps encore.
A vous, nos partenaires du Parc et de Terre d’Emeraude Communauté, représenté par Mme Lemoine, Mr Giacomo et Mr Rassau. Vous avez su nous accompagner (et nous rassurer) quand à la signature d’un cahier des charges « a clauses environnementales » … alors que naturellement on est vraiment pas très « papier ».
C’était donc une année de transition.
Nous avons dû jouer la sécurité pour cette saison d’inauguration à Vouglans et pour la première fois depuis bien longtemps les chevaux n’ont pas travaillés … ou si peu. Bien que nous l’ayons décidé dès le début de l’année cela n’a pas été plus agréable à vivre pour autant. Enfin, cela ajoutera à notre expérience « avec ou sans ».
Tout au long de cette saison, au fil des heures de tracteur et des jerricans de gasoil, s’est posé la question du devenir de la traction animale à la ferme.
D’un coté : le tracteur avec sa facilité d’utilisation et son impressionnante puissance, mais aussi son outrageuse consommation et ses pannes mécanique diverses et variées … toutes plus immobilisante -et onéreuse- les unes que les autres.
De l’autre : la nécessité d’une évolution importante de notre système majoritairement basé sur la traction animale. Pour le rapport à l’animal et à la nature : Oh oui ! … mais aussi une faible puissance entraînant des contraintes techniques et économiques tellement fortes !
On a re-choisi la traction animale
Premièrement, ce nouveau parcellaire implique plus de chevaux au travail :
Toska notre jument de tête prenant de l’age travaillera moins. Si la nature le veut, elle nous donnera les deux poulains qui seront les futurs costauds de la ferme.
Gribouille, notre deuxième jument, va prendre du gallon et devenir notre nouvelle jument de tête. Il y a du dressage a faire car elle pas encore travaillé avec des engins agricoles animés ou motorisés.
Et une nouvelle recrue ! Daisy, jument à l’essai en ce moment, rejoindra l’équipe pour travailler avec Gribouille et Toska.
La question des forces vives étant « solutionnée » (le mot « planifié » serait plus juste) il nous faut modifier ou fabriquer le matériel qui nous permettra de mettre la cavalerie au travail avec nos nouvelles contraintes.
Pour les fenaisons ce changement d’échelle implique que nous devons augmenter notre débit de chantier. Cela passe par une augmentation de la largeur de travail par passage. Beaucoup d’outils devront être modifié ou même complètement fabriqués pour cela.
Nous allons aussi généraliser notre procédé de stockage en meule. Pour ce faire nous concevons un nouvel outil pour les monter qui sera plus mobile et qui nous permettra de faire des meules de taille plus conséquente.
Il faudra fabriquer et financer tout cela : L’objectif -ambitieux- est de commencer dès la saison prochaine mais cette mutation se fera tout de même sur plusieurs saisons.
Comment un contrôle sanitaire a-t-il pu déboucher sur la mort d’un éleveur, abattu par les gendarmes en 2017 ? Décryptant les rouages de cette tragédie, ce documentaire plonge dans la complexité d’un monde agricole en détresse.
Le 20 mai 2017, Jérôme Laronze, éleveur bovin de 37 ans, est abattu par les gendarmes au terme d’une cavale de neuf jours. En conflit avec les services de l’État, l’exploitant bio, porte-parole de la Confédération paysanne de Saône-et-Loire, s’est soustrait à un énième contrôle sanitaire et a tenté d’alerter, au cours de sa fuite, sur le malaise de sa profession. « J’ai été pris de la colère du juste. […] Mon cas est anecdotique, mais il illustre l’ultraréglementation qui conduit à une destruction des paysans« , dira-t-il au Journal de Saône-et-Loire. La nouvelle de son décès fait l’effet d’une bombe dans un monde agricole déjà endeuillé par une vague de suicides. Comment en est-on arrivé là ? Alors que leurs revenus dépendent quasi exclusivement des subventions européennes – lesquelles favorisent les grandes exploitations –, les paysans doivent se soumettre, en contrepartie, à des normes très strictes, plus difficiles à respecter pour les éleveurs en plein air. Isolés, souvent lancés dans une course à l’extension, certains se retrouvent broyés par les dettes, la fatigue, le stress et la dépression. D’abord épinglé pour des retards d’identification de ses bêtes, Jérôme Laronze s’était engagé dans un bras de fer avec l’administration : refusant de pratiquer les tests ADN demandés pour garantir leur traçabilité, il avait été sanctionné par une interdiction de vendre ses bovins. Cette immobilisation avait entraîné une surmortalité qui devait conduire à la saisie de son troupeau pour maltraitance animale…
Tension sourde Pour décrypter l’engrenage tragique qui a coûté la vie à l’éleveur, Gabrielle Culand s’est immergée dans la campagne bourguignonne, filmant des contrôles, la saisie d’un troupeau, et recueillant la parole de paysans, de syndicalistes, d’agents de l’État et de journalistes. Son documentaire capte ainsi la tension sourde qui règne entre des paysans acculés, humiliés, pris dans une machine productiviste qui les pousse à bout, et une administration déconnectée de leurs pratiques, insensible à leurs difficultés. « La seule intervention de l’administration, aujourd’hui, c’est de régler le problème des bêtes mais jamais de fabriquer un soutien quelconque à l’éleveur qui est en train de perdre pied« , estime Yannick Ogor, un confrère, auteur du livre Le paysan impossible, qui dénonce les « mécanismes d’écrasement historiques de la paysannerie » contre lesquels luttait Jérôme Laronze.
Patience, c’est le nom de la future mère. Depuis au moins trois semaines on est persuadé qu’elle va mettre bas le soir même… à chaque fois c’est partie remise. Mais aujourd’hui il semble bien que ce soit la bonne car tout les signes sont là et même la lune est de la partie. A tour de rôle, toute les heures, nous allons veiller la future mère. Tout est prêt : la litière est propre et confortable et les quelques accessoires nécessaires sont à portée de main.
Pépite, sa voisine de box regarde Patience avec de grand yeux interrogateurs, se demandant sûrement pourquoi sa copine s’agite de la sorte.
Patience ne trouve plus de position ou elle peut ruminer avec sont air méditatif habituel. Elle se lève, se recouche, puis se lève à nouveau. Elle regarde son flanc, fait le tour de son box pour la centième fois comme si elle essayait d’échapper à cette gêne toujours plus présente qui la poursuit. Du coup les hommes s’agitent aussi. L’inquiétude s’intensifie au fur et a mesure de la prise de conscience de l’inéluctabilité de ce qui va se passer. Nous sommes responsable de l’intégrité de cette bête et de sa progéniture à venir.
A la tombée du jour le travail commence enfin.
Comme si elle cédait, Patience se couche sur le flanc et pose sa tête au sol. Elle refuse encore un peu ce que plus grand chose ne peux arrêter maintenant. Un instant plus tard, comme si elle avait reçu un choc, elle relève la tête et se met à pousser. Une poussée longue et manifestement douloureuse. Elle a peur, elle alete, et dans la foulée une deuxième contraction plus douloureuse encore. Patience se relève, paniquée. On a envie de dire : ce n’est que le début ma belle mais on se tait par ce que nous aussi on a un peu la trouille.
Elle se recouche et c’est reparti : durant plusieurs minutes elle va pousser et souffler. Enfin un petit sabot apparaît, puis un deuxième. C’est un soulagement par ce que le veau semble bien engagé et que c’est aussi la première preuve visible de la vie à venir. Les contractions font une pose mais Patience ne relève plus sa tête, elle est fatiguée. Il faudra probablement l’aider pour la suite.
Les contactions reprennent mais le veau ne sort plus, pire, les pattes réintègre le corps de la mère. Le travaille stagne depuis trop longtemps et nous prenons la décision d’intervenir. Nous nouons deux cordelettes autour des pattes du veau et en synchronisme avec les contractions nous le tirons. La vache au début surprise par notre comportement s’inquiete et fait mine de se relever. Nous la rassurons, la caressons, et elle comprend que nous l’aidons. Elle nous fait confiance et se laisse à nouveau absorber pas ses contractions. Aurel et moi, de toutes nos forces nous tirons encore et encore. Et là, c’est une petite langue qui apparaît ! C’est très bon signe : la tête est dans le bon sens. Quelques contraction plus loin, d’un coup, la tête sort.
Patience fait à nouveau une pose mais ce n’est pas fini, il ne faut pas qu’elle reste ainsi. Nous l’encourageons vivement, elle reprends, et là les épaules, elle reprends, et tout le reste s’expulse d’un coup. Notre traction n’étant plus retenue on se retrouve assis dans le foin au cul de la vache avec le veau à nos pieds. Patience, soulagée et épuisée, s’abandonne tête dans la paille.
C’était la première mise bas de Patience et elle nous a fait une magnifique petite velle que l’on a appelé Roquette.
Cette année le blé se porte bien, pas de maladies, belle taille …
Pour faire une comparaison, je jeune fermier qui sert de référence derrière la touffe de blé fait plus de 1m90. Le blé doit faire au moins 1m60 par endroits.
Décidément, et contre toute attente, cette école va finir par nous plaire !
Nous avions déjà eu l’échantillon d’un vent de contestation avec le passage d’un stagiaire de cette école (salut Éloi 😉 ) il y a un an maintenant … mais avec cette vidéo que nous relayons, cela tient maintenant du vent de colère.
Même si nous n’aurions pas utilisé le mot « déserté », même si ça et là dans le discours nos avis seraient moins tranchés, il n’en demeure pas moins que cette jeunesse nous fascine et nous redonne espoir. Et ce, justement par ce qu’elle se bat pour défendre son droit à vivre vraiment.
Voici leur discours :
Les diplômé.es de 2022 sont aujourd’hui réuni.es une dernière fois après trois ou quatre années à AgroParisTech. Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fières et méritantes d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.
Nous ne nous considérons pas comme les « Talents d’une planète soutenable ». Nous ne voyons pas les ravages écologiques et sociaux comme des « enjeux » ou des « défis » auxquels nous devrions trouver des « solutions » en tant qu’ingénieures. Nous ne croyons pas que nous avons besoin de « toutes les agricultures ». Nous voyons plutôt que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre. Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l’innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme. Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte Ni à la « transition écologique », une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant.
AgroParisTech forme chaque année des centaines d’élèves à travailler pour l’industrie de diverses manières: Trafiquer en labo des plantes pour des multinationales qui asservissent toujours plus les agricultrices et les agriculteurs Concevoir des plats préparés et des chimiothérapies pour soigner ensuite les malades causées, Inventer des labels « bonne conscience » pour permettre aux cadres de se croire héroïques en mangeant mieux que les autres, Développer des énergies dites « vertes » qui permettent d’accélérer la numérisation de la société tout en polluant et en exploitant à l’autre bout du monde, Pondre des rapports RSE [Responsabilité Sociale et Environnementale] d’autant plus longs et délirants que les crimes qu’ils masquent sont scandaleux, Ou encore compter des grenouilles et des papillons pour que les bétonneurs puissent les faire disparaitre légalement, À nos yeux, ces jobs sont destructeurs et les choisir c’est nuire en servant les intérêts de quelques uns.
Si notre cursus à AgroParisTech nous a mis en avant ces débouchés, on ne nous a jamais parlé des diplômé.es qui considèrent que ces métiers font davantage partie des problèmes que des solutions et qui ont fait le choix de déserter.
Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent,
A vous qui avez accepté un boulot parce qu' »il faut bien une première expérience », A vous dont les proches travaillent à perpétuer le système capitaliste, Et qui sentez le poids de leur regard sur vos choix professionnels,
A vous qui, assises derrière un bureau, regardons par la fenêtre en rêvant d’espace et de liberté, Vous qui prenez le TGV tous les week-ends, en quête d’un bien-être jamais trouvé,
A vous qui sentez un malaise monter sans pouvoir le nommer, Qui trouvez souvent que ce monde est fou, Qui avez envie de faire quelque chose mais ne savez pas trop quoi, Ou qui espérez changer les choses de l’intérieur et n’y croyez déjà plus vraiment,
Nous avons douté, et nous doutons parfois encore. Mais nous avons décidé de chercher d’autres voies, de refuser de servir ce système et de construire nos propres chemins.
Comment est-ce que ça a commencé ?
Nous avons rencontré des gens qui luttaient et nous les avons suivis sur leurs terrains de lutte. Ils nous ont fait voir l’envers des projets qu’on aurait pu mener en tant qu’ingénieur.e.s. Je pense à Cristiana et Emmanuel, qui voient le béton couler sur leurs terres du plateau de Saclay, Ou à ce trou desséché, compensation dérisoire à une mare pleine de tritons, Et à Nico, qui voit de sa tour d’immeuble les jardins populaires de son enfance rasé pour la construction d’un écoquartier.
Ici et là, nous avons rencontré des personnes qui expérimentent d’autres modes de vies, qui se réapproprient des savoirs et savoirs-faire pour ne plus dépendre du monopole d’industries polluantes, Des personnes qui comprennent leur territoire pour vivre avec lui sans l’épuiser, Qui luttent activement contre des projets nuisibles Qui pratiquent au quotidien une écologie populaire, décoloniale et féministe, Qui retrouvent le temps de vivre bien et de prendre soin les uns les unes des autres,
Toutes ces rencontres nous ont inspirées pour imaginer nos propres voies:
Je prépare une installation en apiculture dans le dauphiné. J’habite depuis deux ans à la ZAD de Notre Dame des Landes où je fais de l’agriculture collective et vivrière, entre autres choses J’ai rejoint le mouvement des Soulèvements de la terre pour lutter contre l’accaparement et la bétonisation des terres agricoles à travers la France. Je vis à la montagne où j’ai fait un boulot saisonnier et je me lance dans le dessin. Je m’installe en collectif dans le Tarn, sur une ferme Terres de Liens, avec 4 autres maraîchers, un céréalier et 3 brasseurs. Je m’engage contre le nucléaire. Je me forme aujourd’hui pour m’installer demain et travailler de mes mains.
Nous sommes persuadées que ces façons de vivre nous rendront plus heureuses, plus fortes, et plus épanouies. Nous voulons pouvoir nous regarder en face demain et soutenir le regard de nos enfants.
Vous avez peur de faire un pas de côté parce qu’il ne ferait pas bien sur votre CV? De vous éloigner de votre famille et de votre réseau? De vous priver de la reconnaissance que vous vaudrait une carrière d’ingé agro?
Mais quelle vie voulons-nous ? Un patron cynique, un salaire qui permet de prendre l’avion, un emprunt sur 30 ans pour un pavillon, tout juste 5 semaines par an pour souffler dans un gîte insolite, un SUV électrique, un fairphone et une carte de fidélité à la Biocoop ? Et puis.. un burn-out à quarante ans ?
Ne perdons pas notre temps! Et surtout ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous ! Désertons avant d’être coincés par des obligations financières N’attendons pas que nos mômes nous réclament des sous pour faire du shopping dans le métavers, parce que nous aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose N’attendons pas d’être incapable d’autre chose qu’une pseudo-reconversion dans le même taf, mais repeint en vert. N’attendons pas le 12ème rapport du GIEC qui démontrera que les États et les multinationales n’ont jamais fait qu’aggraver les problèmes et qui placera ses derniers espoirs dans les révoltes populaires.
Vous pouvez bifurquer maintenant. Commencer une formation de paysan-boulanger, Partir pour quelques mois de wwoofing, Participer à un chantier dans une ZAD ou ailleurs, Rejoindre un week-end de lutte avec les Soulèvements de la Terre, S’investir dans un atelier de vélo participatif? Ca peut commencer comme ça.