Sacrifice paysan

lien : https://www.youtube.com/watch?v=snmaxbkZhAg

Comment un contrôle sanitaire a-t-il pu déboucher sur la mort d’un éleveur, abattu par les gendarmes en 2017 ? Décryptant les rouages de cette tragédie, ce documentaire plonge dans la complexité d’un monde agricole en détresse. 

Le 20 mai 2017, Jérôme Laronze, éleveur bovin de 37 ans, est abattu par les gendarmes au terme d’une cavale de neuf jours. En conflit avec les services de l’État, l’exploitant bio, porte-parole de la Confédération paysanne de Saône-et-Loire, s’est soustrait à un énième contrôle sanitaire et a tenté d’alerter, au cours de sa fuite, sur le malaise de sa profession. « J’ai été pris de la colère du juste. […] Mon cas est anecdotique, mais il illustre l’ultraréglementation qui conduit à une destruction des paysans« , dira-t-il au Journal de Saône-et-Loire. La nouvelle de son décès fait l’effet d’une bombe dans un monde agricole déjà endeuillé par une vague de suicides. Comment en est-on arrivé là ? Alors que leurs revenus dépendent quasi exclusivement des subventions européennes – lesquelles favorisent les grandes exploitations –, les paysans doivent se soumettre, en contrepartie, à des normes très strictes, plus difficiles à respecter pour les éleveurs en plein air. Isolés, souvent lancés dans une course à l’extension, certains se retrouvent broyés par les dettes, la fatigue, le stress et la dépression. D’abord épinglé pour des retards d’identification de ses bêtes, Jérôme Laronze s’était engagé dans un bras de fer avec l’administration : refusant de pratiquer les tests ADN demandés pour garantir leur traçabilité, il avait été sanctionné par une interdiction de vendre ses bovins. Cette immobilisation avait entraîné une surmortalité qui devait conduire à la saisie de son troupeau pour maltraitance animale… 

Tension sourde
Pour décrypter l’engrenage tragique qui a coûté la vie à l’éleveur, Gabrielle Culand s’est immergée dans la campagne bourguignonne, filmant des contrôles, la saisie d’un troupeau, et recueillant la parole de paysans, de syndicalistes, d’agents de l’État et de journalistes. Son documentaire capte ainsi la tension sourde qui règne entre des paysans acculés, humiliés, pris dans une machine productiviste qui les pousse à bout, et une administration déconnectée de leurs pratiques, insensible à leurs difficultés. « La seule intervention de l’administration, aujourd’hui, c’est de régler le problème des bêtes mais jamais de fabriquer un soutien quelconque à l’éleveur qui est en train de perdre pied« , estime Yannick Ogor, un confrère, auteur du livre Le paysan impossible, qui dénonce les « mécanismes d’écrasement historiques de la paysannerie » contre lesquels luttait Jérôme Laronze. 

Réalisation :

  • Gabrielle Culand

labour au cheval

Premier jour de labour. C’est un travail qui va s’étaler sur une bonne partie de l’automne, de l’hiver et même du printemps. Sur les 1,8ha que nous cultivons, la moitié sera labouré. L’autre partie se contentera d’un passage de herse canadienne.

Labourer la terre avec une charrue peux être fait de mille façons. Chez nous c’est soit avec le tracteur, environ une fois tous les 5/6 ans, soit avec le cheval le reste du temps.

Avec le cheval nous labourons à une profondeur de 10 à 12cm (aujourd’hui on appelle cela plutôt du déchaumage que du labour d’ailleurs)

L’intérêt de ce travail de la terre au cheval est la précision : certaine de nos parcelles sont très courtes ou difficile d’accès (celle de la vidéo fait 30m de long par 10m de large avec 3m de dégagement aux extrémités).

L’autre intérêt : grâce au cheval il n’y a pas de tassement, ni dans le champ, ni aux extrémités. Le résultat du labour donne un sol plus aéré et plus fin dans lequel la vie foisonne.

Roquette (comme la salade)

Patience, c’est le nom de la future mère. Depuis au moins trois semaines on est persuadé qu’elle va mettre bas le soir même… à chaque fois c’est partie remise. Mais aujourd’hui il semble bien que ce soit la bonne car tout les signes sont là et même la lune est de la partie. A tour de rôle, toute les heures, nous allons veiller la future mère. Tout est prêt : la litière est propre et confortable et les quelques accessoires nécessaires sont à portée de main.

Pépite, sa voisine de box regarde Patience avec de grand yeux interrogateurs, se demandant sûrement pourquoi sa copine s’agite de la sorte.

Patience ne trouve plus de position ou elle peut ruminer avec sont air méditatif habituel. Elle se lève, se recouche, puis se lève à nouveau. Elle regarde son flanc, fait le tour de son box pour la centième fois comme si elle essayait d’échapper à cette gêne toujours plus présente qui la poursuit. Du coup les hommes s’agitent aussi. L’inquiétude s’intensifie au fur et a mesure de la prise de conscience de l’inéluctabilité de ce qui va se passer. Nous sommes responsable de l’intégrité de cette bête et de sa progéniture à venir.

A la tombée du jour le travail commence enfin.

Comme si elle cédait, Patience se couche sur le flanc et pose sa tête au sol. Elle refuse encore un peu ce que plus grand chose ne peux arrêter maintenant. Un instant plus tard, comme si elle avait reçu un choc, elle relève la tête et se met à pousser. Une poussée longue et manifestement douloureuse. Elle a peur, elle alete,  et dans la foulée une deuxième contraction plus douloureuse encore. Patience se relève, paniquée. On a envie de dire : ce n’est que le début ma belle mais on se tait par ce que nous aussi on a un peu la trouille.

Elle se recouche et c’est reparti : durant plusieurs minutes elle va pousser et souffler. Enfin un petit sabot apparaît, puis un deuxième. C’est un soulagement par ce que le veau semble bien engagé et que c’est aussi la première preuve visible de la vie à venir. Les contractions font une pose mais Patience ne relève plus sa tête, elle est fatiguée. Il faudra probablement l’aider pour la suite.

Les contactions reprennent mais le veau ne sort plus, pire, les pattes réintègre le corps de la mère. Le travaille stagne depuis trop longtemps et nous prenons la décision d’intervenir. Nous nouons deux cordelettes autour des pattes du veau et en synchronisme avec les contractions nous le tirons. La vache au début surprise par notre comportement s’inquiete et fait mine de se relever. Nous la rassurons, la caressons, et elle comprend que nous l’aidons. Elle nous fait confiance et se laisse à nouveau absorber pas ses contractions. Aurel et moi, de toutes nos forces nous tirons encore et encore. Et là, c’est une petite langue qui apparaît ! C’est très bon signe : la tête est dans le bon sens. Quelques contraction plus loin, d’un coup, la tête sort.

Patience fait à nouveau une pose mais ce n’est pas fini, il ne faut pas qu’elle reste ainsi. Nous l’encourageons vivement, elle reprends, et là les épaules, elle reprends, et tout le reste s’expulse d’un coup. Notre traction n’étant plus retenue on se retrouve assis dans le foin au cul de la vache avec le veau à nos pieds. Patience, soulagée et épuisée, s’abandonne tête dans la paille.

C’était la première mise bas de Patience et elle nous a fait une magnifique petite velle que l’on a appelé Roquette.

mise en meule du foin

Sous la p’tite chaleur estivale nous montons les meules pour nos vaches Galloway. Ces vaches très rustiques sont en plein air intégral et l’hiver elles viennent se servir en foin directement aux meules.

Cette parcelle à la particularité d’avoir un foin est très court, ce qui complique le montage de la meule. Le risque étant le basculement ou l’affaissement de pans de foin … avec l’obligation de recommencer le travail du début.

Ces meules font environ 30 mètre cube pour environ une tonne de foin.

meule elevateur
fourche à foin
meule de foin
meule de foin
Durant tout le chantier de cette parcelle un geai juvénile nous a suivi dans nos déplacements, s’approchant à jusqu’à portée de main lorsque nous faisions des poses et allant même jusqu’à picorer une sauterelle que nous lui offrions directement dans notre main.
geai

Joli champ de blé

Cette année le blé se porte bien, pas de maladies, belle taille …

Pour faire une comparaison, je jeune fermier qui sert de référence derrière la touffe de blé fait plus de 1m90. Le blé doit faire au moins 1m60 par endroits.

A propos du champ de blé :

https://atomic-temporary-120673627.wpcomstaging.com/2021/10/30/roulage-du-ble/

https://atomic-temporary-120673627.wpcomstaging.com/2021/10/28/semis-au-crepuscule/

https://atomic-temporary-120673627.wpcomstaging.com/2021/10/26/hersage-aux-couleurs-dautomne/

Appel à déserter – Remise des diplômes AgroParisTech 2022

Décidément, et contre toute attente, cette école va finir par nous plaire !

Nous avions déjà eu l’échantillon d’un vent de contestation avec le passage d’un stagiaire de cette école (salut Éloi 😉 ) il y a un an maintenant … mais avec cette vidéo que nous relayons, cela tient maintenant du vent de colère.

Même si nous n’aurions pas utilisé le mot « déserté », même si ça et là dans le discours nos avis seraient moins tranchés, il n’en demeure pas moins que cette jeunesse nous fascine et nous redonne espoir. Et ce, justement par ce qu’elle se bat pour défendre son droit à vivre vraiment.

Voici leur discours :

Les diplômé.es de 2022 sont aujourd’hui réuni.es une dernière fois après trois ou quatre années à AgroParisTech. Nous sommes plusieurs à ne pas vouloir faire mine d’être fières et méritantes d’obtenir ce diplôme à l’issue d’une formation qui pousse globalement à participer aux ravages sociaux et écologiques en cours.

Nous ne nous considérons pas comme les « Talents d’une planète soutenable ». Nous ne voyons pas les ravages écologiques et sociaux comme des « enjeux » ou des « défis » auxquels nous devrions trouver des « solutions » en tant qu’ingénieures. Nous ne croyons pas que nous avons besoin de « toutes les agricultures ». Nous voyons plutôt que l’agro-industrie mène une guerre au vivant et à la paysannerie partout sur terre. Nous ne voyons pas les sciences et techniques comme neutres et apolitiques. Nous pensons que l’innovation technologique ou les start-up ne sauveront rien d’autre que le capitalisme. Nous ne croyons ni au développement durable, ni à la croissance verte Ni à la « transition écologique », une expression qui sous-entend que la société pourra devenir soutenable sans qu’on se débarrasse de l’ordre social dominant.

AgroParisTech forme chaque année des centaines d’élèves à travailler pour l’industrie de diverses manières: Trafiquer en labo des plantes pour des multinationales qui asservissent toujours plus les agricultrices et les agriculteurs Concevoir des plats préparés et des chimiothérapies pour soigner ensuite les malades causées, Inventer des labels « bonne conscience » pour permettre aux cadres de se croire héroïques en mangeant mieux que les autres, Développer des énergies dites « vertes » qui permettent d’accélérer la numérisation de la société tout en polluant et en exploitant à l’autre bout du monde, Pondre des rapports RSE [Responsabilité Sociale et Environnementale] d’autant plus longs et délirants que les crimes qu’ils masquent sont scandaleux, Ou encore compter des grenouilles et des papillons pour que les bétonneurs puissent les faire disparaitre légalement, À nos yeux, ces jobs sont destructeurs et les choisir c’est nuire en servant les intérêts de quelques uns.

Si notre cursus à AgroParisTech nous a mis en avant ces débouchés, on ne nous a jamais parlé des diplômé.es qui considèrent que ces métiers font davantage partie des problèmes que des solutions et qui ont fait le choix de déserter.

Nous nous adressons à celles et ceux qui doutent,

A vous qui avez accepté un boulot parce qu' »il faut bien une première expérience », A vous dont les proches travaillent à perpétuer le système capitaliste, Et qui sentez le poids de leur regard sur vos choix professionnels,

A vous qui, assises derrière un bureau, regardons par la fenêtre en rêvant d’espace et de liberté, Vous qui prenez le TGV tous les week-ends, en quête d’un bien-être jamais trouvé,

A vous qui sentez un malaise monter sans pouvoir le nommer, Qui trouvez souvent que ce monde est fou, Qui avez envie de faire quelque chose mais ne savez pas trop quoi, Ou qui espérez changer les choses de l’intérieur et n’y croyez déjà plus vraiment,

Nous avons douté, et nous doutons parfois encore. Mais nous avons décidé de chercher d’autres voies, de refuser de servir ce système et de construire nos propres chemins.

Comment est-ce que ça a commencé ?

Nous avons rencontré des gens qui luttaient et nous les avons suivis sur leurs terrains de lutte. Ils nous ont fait voir l’envers des projets qu’on aurait pu mener en tant qu’ingénieur.e.s. Je pense à Cristiana et Emmanuel, qui voient le béton couler sur leurs terres du plateau de Saclay, Ou à ce trou desséché, compensation dérisoire à une mare pleine de tritons, Et à Nico, qui voit de sa tour d’immeuble les jardins populaires de son enfance rasé pour la construction d’un écoquartier.

Ici et là, nous avons rencontré des personnes qui expérimentent d’autres modes de vies, qui se réapproprient des savoirs et savoirs-faire pour ne plus dépendre du monopole d’industries polluantes, Des personnes qui comprennent leur territoire pour vivre avec lui sans l’épuiser, Qui luttent activement contre des projets nuisibles Qui pratiquent au quotidien une écologie populaire, décoloniale et féministe, Qui retrouvent le temps de vivre bien et de prendre soin les uns les unes des autres,

Toutes ces rencontres nous ont inspirées pour imaginer nos propres voies:

Je prépare une installation en apiculture dans le dauphiné. J’habite depuis deux ans à la ZAD de Notre Dame des Landes où je fais de l’agriculture collective et vivrière, entre autres choses J’ai rejoint le mouvement des Soulèvements de la terre pour lutter contre l’accaparement et la bétonisation des terres agricoles à travers la France. Je vis à la montagne où j’ai fait un boulot saisonnier et je me lance dans le dessin. Je m’installe en collectif dans le Tarn, sur une ferme Terres de Liens, avec 4 autres maraîchers, un céréalier et 3 brasseurs. Je m’engage contre le nucléaire. Je me forme aujourd’hui pour m’installer demain et travailler de mes mains.

Nous sommes persuadées que ces façons de vivre nous rendront plus heureuses, plus fortes, et plus épanouies. Nous voulons pouvoir nous regarder en face demain et soutenir le regard de nos enfants.

Vous avez peur de faire un pas de côté parce qu’il ne ferait pas bien sur votre CV? De vous éloigner de votre famille et de votre réseau? De vous priver de la reconnaissance que vous vaudrait une carrière d’ingé agro?

Mais quelle vie voulons-nous ? Un patron cynique, un salaire qui permet de prendre l’avion, un emprunt sur 30 ans pour un pavillon, tout juste 5 semaines par an pour souffler dans un gîte insolite, un SUV électrique, un fairphone et une carte de fidélité à la Biocoop ? Et puis.. un burn-out à quarante ans ?

Ne perdons pas notre temps! Et surtout ne laissons pas filer cette énergie qui bout quelque part en nous ! Désertons avant d’être coincés par des obligations financières N’attendons pas que nos mômes nous réclament des sous pour faire du shopping dans le métavers, parce que nous aurons manqué de temps pour les faire rêver à autre chose N’attendons pas d’être incapable d’autre chose qu’une pseudo-reconversion dans le même taf, mais repeint en vert. N’attendons pas le 12ème rapport du GIEC qui démontrera que les États et les multinationales n’ont jamais fait qu’aggraver les problèmes et qui placera ses derniers espoirs dans les révoltes populaires.

Vous pouvez bifurquer maintenant. Commencer une formation de paysan-boulanger, Partir pour quelques mois de wwoofing, Participer à un chantier dans une ZAD ou ailleurs, Rejoindre un week-end de lutte avec les Soulèvements de la Terre, S’investir dans un atelier de vélo participatif? Ca peut commencer comme ça.

A vous de trouver vos manières de bifurquer.

Sillonnage pour les oignons

Ce matin, en vue de la plantation des oignons on fait les sillons qui vont recevoir les bulbilles.
12 planches de culture de 30 mètres chacune avec 4 rangs par planches … soit 1.4 km de rangs d’oignons !
L’outil tiré par le cheval est un porte outil bucher sur lequel on a ajouté un mécanisme pour déporter le mancheron. Cela permet de ne pas avoir à marcher sur la planche. L’outil utilisé est composé de 4 socs sillonneurs suivi de deux petites roues pour contrôler le terrage.
La jument aura mis moins de 20 minutes pour faire des rangs bien droits et bien parallèles.

Bérézina … no benzine

Nous voici de retour, notre semi-hibernation est terminée:)

On espère que cette saison sera plus clémente que la précédente et surtout que l’actualité sanitaire – et sa folle gestion – soit moins délétère. Passons …

Cette triste actualité prenant semble t-il fin, voila qu’un autre type de fléau lui prends la vedette : La guerre en Ukraine.

Au delà de l’horreur subie par les populations touchées, la corolaire quasi systématique aux guerres est qu’elle entraine des crises énergétiques. Et ce conflit, pour nous Français, semble bien cognée de ce point de vue …

Nous espérons que les productions de notre ferme ne soient pas trop impactées par la flambée du prix des carburants. Peux être qu’a cette occasion nous auront l’opportunité de démontrer la résilience que procure l’énergie animale et l’utilisation de matériel simple et durable. Nous verrons cela au bilan de cette saison.

Bérézina ... no benzine