Voile noir

Dans le tableau tranquille ou nous vivons, nos vaches, en liberté totale toute l’année, font partie de la nature environnante. Il y a une sorte d’harmonie primitive, une coexistence paisible entre l’animal et son habitat naturel. Cette scène, met un voile pudique sur une réalité exigeante tant pour les vaches que pour nous qui en avons la charge. Cette vie semi-sauvage de nos vaches est doublement bénéfique : d’une part, elle contribue à leur bien-être par la libre expression de leur instinct, d’autre part, nos vaches sont les actrices inconscientes de l’équilibre entre les prairies et la foret

Pourtant, au-delà des défis quotidiens de l’élevage en plein air, des moments plus tragiques surviennent.

Nos vaches si proche de la nature, expriment leur instinct maternel en cachant leurs veaux lors de la mise bas. C’est un comportement naturel et souhaitable dans l’environnement semi-sauvage dans lequel elles évoluent, mais qui peut parfois mener à des conséquences bien triste.

C’est un soir d’été, un soir de canicule ; depuis le matin précédent nous cherchons une mère et son veau. Cela faisait quelques jours que le ventre de la vache était devenu disproportionné et qu’elle était devenue distante du reste du troupeau. Elle s’était isolée pour mettre bas.

En général c’est une recherche que nous faisons de bonne humeur, car une naissance c’est l’avenir de la ferme ! Ces recherches ne sont pas chose aisée dans nos montagnes du Jura avec ses taillis bien impénétrables. Les chiens nous aident mais ils faut prendre garde à ce qu’il n’effraie ni le veau, ni la mère qui nous chargerait illico.

La veille, à la tombé du jour, nous avons aperçu le veau et son comportement n’a rien auguré de bon : il était famélique et couvert de ces marques jaunes maudites. Ces marques jaunes sont des œufs myases, des mouches carnassières.

L’agressivité de la mère, décuplée par la vulnérabilité de son veau et l’absence de tétée d’un petit qui n’en avait déjà plus la force, nous avait empêché de l’approcher.

Contraint par la tombée du jour nous avons du rentrer. Toute la nuit cela nous a tordu les boyaux de ne pouvoir rien y faire. Car nous le savions : cette petite bête était condamnée à être mangée vivante par les asticots. Un cauchemar.

Toute la journée nous les avons cherché. La mère à mis les bouchées double pour cacher sa progéniture rendue vulnérable.

Et là, maintenant nous le voyons. Trop tard pour être sauvé bien sur ; la veille c’était déjà trop tard de toute façon. Nous voyons une petite chose couchée sur le flanc les yeux vitreux dans une posture qui semble avoir été une course désespérée arrêté net en plein vol. Il ne lui reste de vie que ce qu’il faut que pour sa souffrance soit intolérable.

On se surprend à retenir sa respiration. La chaleur du soleil est toujours là, sa lumière dans la végétation est toujours là, mais elle semble sourde, en suspend. Un geste pesant, comme ralenti, un bout de l’autre monde se dévoile un instant. En silence.

En partant on trouve la mère, seule au milieu d’un pré, à quelques pas de là ou son veau gît désormais. On ne l’avait pas vue. On se trouve les bras lourd. Oui, c’est la nature, mais on le pleure quand même ce petit veau.

Une année de transition

Une marche à franchir

Mea-culpa pour cette absence de plusieurs mois sur les réseaux et pour l’arrêt temporaire de l’accueil à la ferme.

C’était pour la bonne cause : La ferme a vu sa surface augmenter significativement sur le village de Vouglans. Rassurez vous, nous restons bien une « petite » ferme au sens agricole moderne mais nous avons malgré tout changé de division !

Une bonne part de notre énergie à dû être mobilisée pour franchir cette marche. Nous profitons de cette occasion pour rendre honneur aux personnes qui ont rendu cela possible :

A toi, René. L’Ancien, le Paysan, qui nous a légué un peu de ta vie en consentant à la mutation d’une partie des terres dont tu avais la charge.

A vous, Mr Retord, maire de Lect, et votre conseil municipal. Merci d’avoir créé l’opportunité et d’avoir ménagé les susceptibilités de chacun.

A vous, les multiples propriétaires de parcelles plus ou moins grandes. Des terres tombées dans l’oubli ou, au contraire, transmises dans la famille comme des souvenirs du temps jadis. Oui, nous devons aller vous voir tous ! Ce sera fait avec un peu de temps encore.

A vous, nos partenaires du Parc et de Terre d’Emeraude Communauté, représenté par Mme Lemoine, Mr Giacomo et Mr Rassau. Vous avez su nous accompagner (et nous rassurer) quand à la signature d’un cahier des charges « a clauses environnementales » … alors que naturellement on est vraiment pas très « papier ».

C’était donc une année de transition.

Nous avons dû jouer la sécurité pour cette saison d’inauguration à Vouglans et pour la première fois depuis bien longtemps les chevaux n’ont pas travaillés … ou si peu. Bien que nous l’ayons décidé dès le début de l’année cela n’a pas été plus agréable à vivre pour autant. Enfin, cela ajoutera à notre expérience « avec ou sans ».

Tout au long de cette saison, au fil des heures de tracteur et des jerricans de gasoil, s’est posé la question du devenir de la traction animale à la ferme.

D’un coté : le tracteur avec sa facilité d’utilisation et son impressionnante puissance, mais aussi son outrageuse consommation et ses pannes mécanique diverses et variées … toutes plus immobilisante -et onéreuse- les unes que les autres.

De l’autre : la nécessité d’une évolution importante de notre système majoritairement basé sur la traction animale. Pour le rapport à l’animal et à la nature : Oh oui ! … mais aussi une faible puissance entraînant des contraintes techniques et économiques tellement fortes !

On a re-choisi la traction animale

Premièrement, ce nouveau parcellaire implique plus de chevaux au travail :

Toska notre jument de tête prenant de l’age travaillera moins. Si la nature le veut, elle nous donnera les deux poulains qui seront les futurs costauds de la ferme.

Gribouille, notre deuxième jument, va prendre du gallon et devenir notre nouvelle jument de tête. Il y a du dressage a faire car elle pas encore travaillé avec des engins agricoles animés ou motorisés.

Et une nouvelle recrue ! Daisy, jument à l’essai en ce moment, rejoindra l’équipe pour travailler avec Gribouille et Toska.

La question des forces vives étant « solutionnée » (le mot « planifié » serait plus juste) il nous faut modifier ou fabriquer le matériel qui nous permettra de mettre la cavalerie au travail avec nos nouvelles contraintes.

Pour les fenaisons ce changement d’échelle implique que nous devons augmenter notre débit de chantier. Cela passe par une augmentation de la largeur de travail par passage. Beaucoup d’outils devront être modifié ou même complètement fabriqués pour cela.

Nous allons aussi généraliser notre procédé de stockage en meule. Pour ce faire nous concevons un nouvel outil pour les monter qui sera plus mobile et qui nous permettra de faire des meules de taille plus conséquente.

Il faudra fabriquer et financer tout cela : L’objectif -ambitieux- est de commencer dès la saison prochaine mais cette mutation se fera tout de même sur plusieurs saisons.

Voilà pour les nouvelles de Chanon 🙂

Autochargeuse Krone TS14

=> VENDU ! <=

Autochargeuse Krone TS14 entretenue et en très bon état. A travaillé jusqu’à la saison dernière.

La plus petite et la plus légère des autochargeuse. Mouvement simples et entièrement mécaniques, pas besoin d’hydraulique. A besoin de seulement 10CV pour être entrainé, ce qui la rend utilisable avec simple avant train à chevaux avec un petit moteur auxiliaire.

mise en meule du foin

Sous la p’tite chaleur estivale nous montons les meules pour nos vaches Galloway. Ces vaches très rustiques sont en plein air intégral et l’hiver elles viennent se servir en foin directement aux meules.

Cette parcelle à la particularité d’avoir un foin est très court, ce qui complique le montage de la meule. Le risque étant le basculement ou l’affaissement de pans de foin … avec l’obligation de recommencer le travail du début.

Ces meules font environ 30 mètre cube pour environ une tonne de foin.

meule elevateur
fourche à foin
meule de foin
meule de foin
Durant tout le chantier de cette parcelle un geai juvénile nous a suivi dans nos déplacements, s’approchant à jusqu’à portée de main lorsque nous faisions des poses et allant même jusqu’à picorer une sauterelle que nous lui offrions directement dans notre main.
geai

les foins en aout

Peu d’article et de vidéo sur le site ces temps ci … entre une attaque massive de gibier qui nous a privé d’une bonne moitié de nos récoltes, des conditions météo exécrable qui nous ont privé de l’autre moitié et un climat social encore plus exécrable, l’humeur n’est guerre à la fête.

Mais enfin bon, on bosse quand même … on en est aux deux tiers des foins, mi aout, c’est une première pour nous !

Aujourd’hui, et j’espère qu’on aura bien visé, on à fauché un hectare et demi. La vidéo suivante montre le fanage que l’on a fait juste après.
Le foin est d’une densité impressionnante et on a dû faire tourner la pirouette à un régime assez élevé. D’habitude c’est assez gênant par ce que c’est assez violent : ça décroche les graines et ça casse les tiges de foin. Cette année, « grâce » au fauchage tardif, ça fait bien longtemps que les graines sont par terre … et puis on est dans de l’herbe fraiche.

Séance de papouilles au pré …

Tout les soir, vers six heures on rentre les veaux de nos vosgiennes. Quelquefois ils sont coquin et c’est le rodéo pour les attraper, quelquefois ils attendent près de la porte, et quelquefois, comme ce soir, ils sont d’humeur câline et il n’y a pas moyen de les lever. Alors bon, on s’assied à coté et on papouille …
D’ailleurs, j’en profite pour glisser que l’on recherche toujours 2 à 3 génisses prête ou jeune mère … gentilles et cornues !

1er prototype du Treuil à Cheval

Le travail sur le treuil a cheval a bien avancé grâce à Eloi Gautheron. Étudiant à l’école d’ingénieur AgroParis Tech il nous a prêté main forte durant un mois. Ce jeune homme motivé et capable à plus d’une corde à son arc : bien que suivant une formation agronomique ses connaissances en mécanique et sa capacité d’analyse nous on été très utile tout au long du développement et de la fabrication du treuil.

Avec la première réalisation vient les premières déconvenues … le système d’embrayage, basé sur un frein à tambour, s’avère incapable de supporter le couple. Il faudra trouver autre chose ! Pour permettre la poursuite de tests sur le terrain, une simple chaine fera le lien entre le timon et la bobine.

Les premiers tours de manège dans la cour sont cependant encourageants … vivement les tests avec la planteuse