Le treuil à cheval pour le maraichage, une nouveauté ?

Cet article est rattaché à la page d’origine sur le treuil à cheval (ou treuil à manège) pour le maraichage : treuil a cheval pour le maraichage

Dans l’histoire

Fin 19eme

Dans l’histoire, les treuils à traction animale, ou manège à chevaux, ont été utilisé très largement et à de multiples taches comme par exemple les carrières ou les mines.

Sur le site de ruedeslumieres présentant un treuil à manège de la fin du 19ème :

carriere treuil chatillon
treuil chatillon

Début 20eme

Mais pour l’agriculture les traces sont moins facile à trouver. Ci dessous une copie d’un article du Larousse agricole de 1920 rapportant un usage au défonçage agricole :

« On emploie fréquemment pour exécuter les labours profonds et les défoncements de puissants treuils, dit treuils de défoncement. Au câble en fils d’acier, qui s’enroule sur le tambour généralement à axe vertical, est attachée une puissante charrue. Le treuil ainsi constitué est mû par des animaux attelés à l’extrémité des leviers du treuil.

Le rayon du tambour étant toujours petit par rapport à la longueur du levier, l’effort produit par les chevaux sera multiplié ; mais par contre, la charrue se déplacera lentement. Ce dispositif permet l’exécution d’améliorations foncières avec un petit nombre de bêtes. Ces treuils à manège sont soit fixes, soit mobiles.

Dans le premier cas, on les installe à demeure en un point du champ à travailler et on s’abstient de les déplacer tant que dure le défoncement du champ ou de la parcelle accessible à la charrue.

Dans le second cas, on dispose les treuils mobiles sur l’un des bords des champs et on les déplace après l’ouverture de chaque raie d’une quantité égale à la largeur de la bande travaillée à chaque passage. Les câbles en fils d’acier ont de 200 à 300 mètres de long et de 13 à 14 millimètres de diamètre .

Ces treuils portent un système de débrayage qui permet d’arrêter à volonté le déplacement de l’appareil de culture.« 

matériel de défoncement à deux treuils

Après la seconde guerre

Avec l’arrivée des moteurs légers et mobiles le cheval a été remplacé par le moteur thermique. Le treuil est encore utilisé de nos jour au travail de la terre là ou les machines ne peuvent aisément rouler : comme par exemple dans les vignes.

mototreuil plumett TR-84
charrue débutteuse
moto-treuil automoteur

Pourquoi pas de treuils à traction animale spécialisés au maraichage ?

Dans l’exemple du Larousse, la lenteur est qualifiée d’inconvénient. Dans notre usage c’est plutôt un avantage : notre cheval étant utilisé à de multiples taches, il a tendance à avoir une avance trop rapide pour des travaux comme la traction de planteuse ou de sarcleuse.

Techniquement le treuil à cheval semble nous apporter une réelle solution (démultiplication de la force et ralentissement de la vitesse de travail)

Mais alors, pourquoi ces treuils n’ont ils pas perduré dans les activités de maraichage ?

A notre avis, cela tient à la spécialisation des métiers et à l’usage massif de la main d’œuvre humaine bon marché … et bien sur la motorisation.

En tout premier lieux, il ne faut pas oublier qu’historiquement, pour la plupart des paysans, les opérations de désherbage, binage, sarclage étaient majoritairement manuelles par ce que meilleure marché : c’est les humains qui tenaient le manche et leurs dos qui dégustait. Il n’y a qu’a écouter le témoignage des anciens pour s’en convaincre.

Hormis pour les maraichers des couronnes citadines, spécialisés donc (et assez riche), le cheval n’était que peu utilisé à ces taches.

Les portes outils à parallélogramme permettant un sarclage plus précis semble d’ailleurs d’usage assez tardif (après 2nd guerre) et réclament de très bon meneurs et un cheval très lent.

Aujourd’hui

Aujourd’hui la donne a bien changée, la main d’œuvre est éminemment anti-économique.

L’alliance manège à cheval et maraichage est donc à envisager sur une base nouvelle ; j’espère que l’on en sera convaincu après quelques saisons d’usage.

Hersage de prairie au cheval

Le hersage de prairie, pour le cheval, c’est un peu le top départ de la saison !

Une sorte d’exercice de remise en forme en somme:)

On commence gentiment par 20 minutes tous les jours pendant quelques jours, puis 30, puis 40 … etc. Ensuite viendra s’ajouter quelques labours au cheval et les hersage des labours déjà effectués, doucement au début aussi, puis plus longtemps …

A la fin du programme de muscu’, la jument sera au top pour attaquer les foins, et nous aussi:)

Planteuse à légumes à cheval

Une belle planteuse à légume prête pour la saison. Pour nos pommes de terre et poireaux.

La marque c’est une Frankenstein 🙂 :

Des morceaux d’une planteuse « super pratique » (c’est sa marque, ça s’invente pas) dont l’essieu avant à été coupé et ressoudé à l’arrière et à l’avant une roue directionnelle issue de la récupération d’un pivot de râteau faneur à courroie Reform … faut jamais rien jeter 🙂

Elle peux être tirée directement par un cheval mais elle est plus destinée à être utilisée avec le treuil à cheval, ,celui ci étant plus lent, ou au moufle.

Appel à contribution de Claus Kropp:

Nous relayons une information du site d’ABA, les attelages bovins d’aujourdhui : http://attelagesbovinsdaujourdhui.unblog.fr/2020/12/15/appel-a-contribution-de-claus-kropp-travailler-avec-lenergie-animale-au-21e-siecle-une-archive-virtuelle-de-limportance-et-de-la-promotion-des-animaux-de-trait/

Claus Kropp, du Laboratoire d’Archéologie Expérimentale de Lauresham en Allemagne à lancé un appel pour créer une banque de documents vidéos des attelages en traction animale dans le monde d’aujourd’hui.

Congrès virtuel : « Animaux de travail – passé, présent et avenir » en 2021

La banque de données et une première série de clips seront présentées lors d’un congrès virtuel « Animaux de travail – passé, présent et avenir », 8-9 mai 2021

Claus Kropp

Laboratoire d’Archéologie Expérimentale de Lauresham

Nibelungenstrasse 32

64653 Lorsch

Allemagne

Claus Kropp [Welterbe Kloster Lorsch] c.kropp@kloster-lorsch.de

Claus Kropp (crédit photo Claus Kropp)

Nous y participons avec enthousiasme et encourageons nos pairs à faire de même 🙂

En avant première 🙂 une courte présentation de notre ferme :

la petite ferme de Chanon, une ferme paysanne en traction animale

traction animale et mécanisation raisonnable ?

Reconnaissons le d’emblée : du point vue de l’écologique romantique, l’usage d’un moteur auxiliaire en traction animale n’est pas du plus bel effet. Encore moins peut-être que le tracteur ou la motofaucheuse.

Reconnaissons aussi que du point de vue productiviste, la petite ferme de Chanon et son ADN paysan, ont peu de chance d’être encensée par les apôtres du capitalisme.

A bien y réfléchir, on est un peu entre le marteau et l’enclume.

A la petite ferme de Chanon nous n’avons pas une approche dogmatique de la traction animale ni non plus, à l’inverse, de l’agriculture industrielle basée sur l’énergie fossile. Je veux dire par là que la traction animale n’est pas centrale, pas plus que l’approche économique de l’agriculture. La traction animale est un moyen parmi d’autres de parvenir à un résultat. L’intégration économique quant à elle nous est imposée par l’état … enfin, il semble que ce soit plus compliqué que cela depuis la mondialisation, mais c’est là un autre débat.

Un compromis nécessaire.

Nous sommes paysans. Ce mot un brin pompeux véhicule son lot d’idées préconçues ; chacun y attache une image différente : de l’enfant esclave des champs ou du rustre analphabète mourant à la cinquantaine, et jusqu’à son contraire : le tableau romantique d’une vie familiale bucolique …

Pour nous, la paysannerie, c’est un socle de valeurs. Elles seraient bien longues à exposer ici et surtout elle décourageraient nos lecteurs venus chercher ici des informations sur la traction animale et non s’ennuyer à la lecture d’un essai philosophique.

Si nous évoquons ici la paysannerie c’est parce qu’elle nous pousse vers une recherche de liberté et donc d’autonomie.

Autonomie n’est pas autarcie ! Ce n’est pas parce que nous aimons faire les choses nous même, que l’on peut (ou que l’on doit) se passer du travail des autres, de la communauté … comme pour tout à chacun, des pans entiers de nos vies sont conditionnés par l’interaction avec le travail de nos semblables : des produits industriels en passant par le système de santé … Sans parler de nos impôts qui sont eux aussi payés en monnaies sonnantes et trébuchantes (immatérielles maintenant) et non en peaux de lapins.

Nous vivons bel et bien dans ce monde économique.

Peut être dans un monde à venir nous aurons un système économique différent. Peut être qu’une calamité destructrice fera s’écrouler notre société … Sait-on jamais ! Mais pour l’heure, c’est un constat, nous vivons dans celui-là et il nous faut bien, c’est trivial, gagner des sous ;

Alors, plutôt que de stagner dans des non-débats bipolaires nous nous posons la question : où placer -maintenant- le curseur du degré d’autonomie ? Et surtout, pour aller dans quelle direction ?

L’usage de la traction animale au sein de la ferme et l’acceptation d’une part de motorisation (et de l’intrant énergétique qui va avec) est une partie de notre réponse à ces questions.

Mais en tout premier lieux, et c’est là que le bat blesse, c’est la limitation du besoin, la limitation de la consommation, qui tend à nous éloigner de la dépendance.

Une personne qui raisonnerait à charge « contre la traction animale » voulant la comparer directement au tracteur fera une conversion directe et simpliste entre la puissance d’un tracteur et la puissance d’un cheval puis l’extrapolerait, chiffres à l’appui, dans une présentation pseudo scientifique … Ce serait comme l’enfant qui veut faire rentrer un cube dans un trou rond manifestement trop petit. Sans surprise, et sans même calculs savants, cela ne fonctionne évidement pas !

Il va de soi que sans une baisse drastique de la consommation d’énergie, la traction animale, fusse-t-elle hybride, ne pourrait rester qu’un divertissement ou argument commercial.

Cette précieuse énergie, il convient de bien l’utiliser. Et en réalité c’est surtout cela dont il s’agit. Pratiquement, pour nous paysans, c’est une réflexion de fond qui doit être menée sur les types de production, de la proximité des terres, de race d’animaux, de la conduite des cultures, etc … Mais il a aussi, bien sûr, de multiples paramètres qui ne dépendent que peu de nous : comme la proximité de la clientèle et ses habitudes. Par exemple, il est toujours surprenant de voir un villageois s’évertuer à consommer des produits venant de plusieurs centaines de kilomètres alors qu’ils sont aussi produits sous son nez … tuant ainsi à petit feu l’économie locale de l’endroit où il vit.

Et la main d’œuvre dans tout cela ?

Une autre réflexion à charge que nous entendons beaucoup : Avant on utilisait la traction animale, et avant il y avait des forçats de la terre … alors si on utilise à nouveau les chevaux c’est le retour des forçats de la terre.

Avant, avant, avant … nous ne vivons pas plus dans le passé que nous ne vivons dans l’avenir et aujourd’hui les forçats sont toujours là. Sociétalement ils ne sont pas regardés ; donc ils ne sont pas vus, c’est tout ! Pudiquement, ou lâchement, l’œil de l’occidental ne s’y pose pas.

Ils sont dans les mines, les usines et les champs de l’autre bout du monde. Mais aussi ici même, en France comme dans les autres pays occidentaux, avec des jobs qui cassent les corps, qui asservissent ou qui abrutissent de stress.

Et quand bien même : c’est vraiment un mal moderne que de considérer négativement l’énergie humaine « productive » . Étonnamment, l’énergie humaine dépensée inutilement en salle de sport ou sur un terrain de foot, elle, est encensée … allez comprendre.

La notion de choix, de liberté, est centrale pour être heureux, paysan ou non. Je travaille personnellement beaucoup manuellement … et seul. Je l’ai choisi et j’en suis très heureux. Quelquefois, des membres de la famille ou des amis me donnent la main … mais nous sommes vraiment aux antipodes des travaux forcés évoqués précédemment.

Dans beaucoup de villages de France les souvenirs de jeunesse relatent encore l’usage de la traction animale ; c’était il y a moins de cinquante ans. Durant cet intervalle nous n’avons pas inventé que du mauvais tout de même, et justement la motorisation peut faire partie de la solution si elle est utilisée raisonnablement.

Une motorisation raisonnable et la traction animale ne sont pas à opposer. Ensemble elles sont une solution.

Mais alors qu’entendons nous par « raisonnable » ?

Ici, nous tentons d’exposer notre point de vue : https://lapetitefermedechanon.wordpress.com/traction-animale-mecanisation-raisonnable/

pommes de terre à l’arracheuse à panier

L’automne est avec le printemps la saison la plus chargée, entre les récoltes et les préparatifs pour l’hiver on ne s’ennuie pas. Ici arrachage des pommes de terre avec une arracheuse à panier rotatif. C’est une machine très ancienne que nous avons modifié pour un usage à un seul cheval : réduction drastique du poids, du nombre de panier de triage et ajout d’un avant train de guidage sur le rang qui permet d’utiliser l’arracheuse sans brancards.