Lancement du Projet Agroforestier de Vouglans

Une initiative paysanne au cœur du Jura !

C’est avec une grande joie que nous annonçons le début du projet agroforestier de Vouglans ! Porté par La Petite Ferme de Chanon et soutenu par l’engagement des acteurs locaux, ce projet incarne notre vision d’une agriculture locale, durable et respectueuse de l’environnement. Il marque une nouvelle étape importante dans la réalisation de nos convictions. C’est même pour nous, un véritable aboutissement !

L’agroforesterie, c’est quoi ? C’est l’art de faire cohabiter harmonieusement les arbres et les cultures !

Des surfaces de cultures agroforestières, des zones de parcours et de fauche, un espace de conservation écologique : tout a été conçu pour créer un système agrosylvopastoral cohérent. Et cela, avec une volonté affirmée de privilégier la traction animale pour les travaux agricoles.

Véritable laboratoire à ciel ouvert, le site, grâce à ses caractéristiques uniques, ambitionne de servir de support pour des études agroécologiques et des projets de conception technique 1. Nous espérons qu’il saura éveiller l’intérêt des chercheurs, des paysans et de tous les passionnés de nature et d’agriculture durable.

Plusieurs années seront nécessaires à sa mise en place -le temps paysan est un temps long-, mais dès l’automne 2026, vous aurez le plaisir de déguster sa première production : du pain au levain de Vouglans (& Chanon) !

  1. Projet Toska* : Laboratoire paysan à ciel ouvert sur le site agrosylvopastoral de Vouglans (pages dédiées bientôt en ligne). « Toska », en mémoire de la jument qui a été l’un des piliers de la ferme. ↩︎

Webinaire “Mécanisation agricole low-tech & traction animale”

C’est avec enthousiasme que nous répondons à l’invitation de France Nature Environnement pour participer à un webinaire sur un sujet qui nous tient particulièrement à cœur : « Mécanisation agricole low-tech et traction animale« . Venez échanger avec nous !

📢 Participez à notre webinaire exclusif !

Nous avons le plaisir de vous inviter à un webinaire dédié à la mécanisation agricole low-tech et à la traction animale, des alternatives pour une agriculture plus résiliente et autonome.

📅 Mardi 25 février
🕒 De 15h à 16h30
📍 En visioconférence

🌱 Nourrir la population d’aujourd’hui sans compromettre l’avenir

Face aux défis environnementaux et aux limites du système agricole actuel (dégradation des sols, dépendance aux intrants, tensions sur l’eau…), il est essentiel d’explorer des pratiques alternatives plus sobres et durables.

🔎 Lors de ce webinaire, nous aborderons plusieurs questions :
✔️ En quoi la traction animale et les outils low-tech permettent-ils une agriculture plus autonome et résiliente ?
✔️ Peuvent-ils répondre aux enjeux de production en quantité et en qualité ?
✔️ Ces modèles alternatifs sont-ils généralisables ?

🎤 Nos intervenants :

  • Denis ADAM – Concepteur industriel & paysan, dirigeant de « La Petite Ferme de Chanon » (Jura)
  • Camille GUERINEAU – Conseillère filière équipe à la Chambre d’agriculture de Saône-et-Loire
  • Pierre FONTAINE – Chargé de projets à l’IFCE (Institut Français du Cheval et de l’Équitation)

Ne manquez pas cette occasion d’échanger sur ces solutions innovantes et adaptées aux enjeux agricoles d’aujourd’hui et de demain.

À bientôt ! 🌾


edit du 25 mars 2025 :

la vidéo peut être vue sur la chaine youtube de Jura Nature Environnement :

manifestation paysanne

Les revendications des paysans et des agriculteurs sont t’elles les mêmes ? Nul doute qu’il y ai de grosses différences. La plupart d’entre nous bossent pourtant pour des clopinettes et le fait que ce soit des métiers « passion » ne devrait pas en être la justification … au contraire n’est ce pas ?

Voile noir

Dans le tableau tranquille ou nous vivons, nos vaches, en liberté totale toute l’année, font partie de la nature environnante. Il y a une sorte d’harmonie primitive, une coexistence paisible entre l’animal et son habitat naturel. Cette scène, met un voile pudique sur une réalité exigeante tant pour les vaches que pour nous qui en avons la charge. Cette vie semi-sauvage de nos vaches est doublement bénéfique : d’une part, elle contribue à leur bien-être par la libre expression de leur instinct, d’autre part, nos vaches sont les actrices inconscientes de l’équilibre entre les prairies et la foret

Pourtant, au-delà des défis quotidiens de l’élevage en plein air, des moments plus tragiques surviennent.

Nos vaches si proche de la nature, expriment leur instinct maternel en cachant leurs veaux lors de la mise bas. C’est un comportement naturel et souhaitable dans l’environnement semi-sauvage dans lequel elles évoluent, mais qui peut parfois mener à des conséquences bien triste.

C’est un soir d’été, un soir de canicule ; depuis le matin précédent nous cherchons une mère et son veau. Cela faisait quelques jours que le ventre de la vache était devenu disproportionné et qu’elle était devenue distante du reste du troupeau. Elle s’était isolée pour mettre bas.

En général c’est une recherche que nous faisons de bonne humeur, car une naissance c’est l’avenir de la ferme ! Ces recherches ne sont pas chose aisée dans nos montagnes du Jura avec ses taillis bien impénétrables. Les chiens nous aident mais ils faut prendre garde à ce qu’il n’effraie ni le veau, ni la mère qui nous chargerait illico.

La veille, à la tombé du jour, nous avons aperçu le veau et son comportement n’a rien auguré de bon : il était famélique et couvert de ces marques jaunes maudites. Ces marques jaunes sont des œufs myases, des mouches carnassières.

L’agressivité de la mère, décuplée par la vulnérabilité de son veau et l’absence de tétée d’un petit qui n’en avait déjà plus la force, nous avait empêché de l’approcher.

Contraint par la tombée du jour nous avons du rentrer. Toute la nuit cela nous a tordu les boyaux de ne pouvoir rien y faire. Car nous le savions : cette petite bête était condamnée à être mangée vivante par les asticots. Un cauchemar.

Toute la journée nous les avons cherché. La mère à mis les bouchées double pour cacher sa progéniture rendue vulnérable.

Et là, maintenant nous le voyons. Trop tard pour être sauvé bien sur ; la veille c’était déjà trop tard de toute façon. Nous voyons une petite chose couchée sur le flanc les yeux vitreux dans une posture qui semble avoir été une course désespérée arrêté net en plein vol. Il ne lui reste de vie que ce qu’il faut que pour sa souffrance soit intolérable.

On se surprend à retenir sa respiration. La chaleur du soleil est toujours là, sa lumière dans la végétation est toujours là, mais elle semble sourde, en suspend. Un geste pesant, comme ralenti, un bout de l’autre monde se dévoile un instant. En silence.

En partant on trouve la mère, seule au milieu d’un pré, à quelques pas de là ou son veau gît désormais. On ne l’avait pas vue. On se trouve les bras lourd. Oui, c’est la nature, mais on le pleure quand même ce petit veau.

labour au cheval

Premier jour de labour. C’est un travail qui va s’étaler sur une bonne partie de l’automne, de l’hiver et même du printemps. Sur les 1,8ha que nous cultivons, la moitié sera labouré. L’autre partie se contentera d’un passage de herse canadienne.

Labourer la terre avec une charrue peux être fait de mille façons. Chez nous c’est soit avec le tracteur, environ une fois tous les 5/6 ans, soit avec le cheval le reste du temps.

Avec le cheval nous labourons à une profondeur de 10 à 12cm (aujourd’hui on appelle cela plutôt du déchaumage que du labour d’ailleurs)

L’intérêt de ce travail de la terre au cheval est la précision : certaine de nos parcelles sont très courtes ou difficile d’accès (celle de la vidéo fait 30m de long par 10m de large avec 3m de dégagement aux extrémités).

L’autre intérêt : grâce au cheval il n’y a pas de tassement, ni dans le champ, ni aux extrémités. Le résultat du labour donne un sol plus aéré et plus fin dans lequel la vie foisonne.

Une année de transition

Une marche à franchir

Mea-culpa pour cette absence de plusieurs mois sur les réseaux et pour l’arrêt temporaire de l’accueil à la ferme.

C’était pour la bonne cause : La ferme a vu sa surface augmenter significativement sur le village de Vouglans. Rassurez vous, nous restons bien une « petite » ferme au sens agricole moderne mais nous avons malgré tout changé de division !

Une bonne part de notre énergie à dû être mobilisée pour franchir cette marche. Nous profitons de cette occasion pour rendre honneur aux personnes qui ont rendu cela possible :

A toi, René. L’Ancien, le Paysan, qui nous a légué un peu de ta vie en consentant à la mutation d’une partie des terres dont tu avais la charge.

A vous, Mr Retord, maire de Lect, et votre conseil municipal. Merci d’avoir créé l’opportunité et d’avoir ménagé les susceptibilités de chacun.

A vous, les multiples propriétaires de parcelles plus ou moins grandes. Des terres tombées dans l’oubli ou, au contraire, transmises dans la famille comme des souvenirs du temps jadis. Oui, nous devons aller vous voir tous ! Ce sera fait avec un peu de temps encore.

A vous, nos partenaires du Parc et de Terre d’Emeraude Communauté, représenté par Mme Lemoine, Mr Giacomo et Mr Rassau. Vous avez su nous accompagner (et nous rassurer) quand à la signature d’un cahier des charges « a clauses environnementales » … alors que naturellement on est vraiment pas très « papier ».

C’était donc une année de transition.

Nous avons dû jouer la sécurité pour cette saison d’inauguration à Vouglans et pour la première fois depuis bien longtemps les chevaux n’ont pas travaillés … ou si peu. Bien que nous l’ayons décidé dès le début de l’année cela n’a pas été plus agréable à vivre pour autant. Enfin, cela ajoutera à notre expérience « avec ou sans ».

Tout au long de cette saison, au fil des heures de tracteur et des jerricans de gasoil, s’est posé la question du devenir de la traction animale à la ferme.

D’un coté : le tracteur avec sa facilité d’utilisation et son impressionnante puissance, mais aussi son outrageuse consommation et ses pannes mécanique diverses et variées … toutes plus immobilisante -et onéreuse- les unes que les autres.

De l’autre : la nécessité d’une évolution importante de notre système majoritairement basé sur la traction animale. Pour le rapport à l’animal et à la nature : Oh oui ! … mais aussi une faible puissance entraînant des contraintes techniques et économiques tellement fortes !

On a re-choisi la traction animale

Premièrement, ce nouveau parcellaire implique plus de chevaux au travail :

Toska notre jument de tête prenant de l’age travaillera moins. Si la nature le veut, elle nous donnera les deux poulains qui seront les futurs costauds de la ferme.

Gribouille, notre deuxième jument, va prendre du gallon et devenir notre nouvelle jument de tête. Il y a du dressage a faire car elle pas encore travaillé avec des engins agricoles animés ou motorisés.

Et une nouvelle recrue ! Daisy, jument à l’essai en ce moment, rejoindra l’équipe pour travailler avec Gribouille et Toska.

La question des forces vives étant « solutionnée » (le mot « planifié » serait plus juste) il nous faut modifier ou fabriquer le matériel qui nous permettra de mettre la cavalerie au travail avec nos nouvelles contraintes.

Pour les fenaisons ce changement d’échelle implique que nous devons augmenter notre débit de chantier. Cela passe par une augmentation de la largeur de travail par passage. Beaucoup d’outils devront être modifié ou même complètement fabriqués pour cela.

Nous allons aussi généraliser notre procédé de stockage en meule. Pour ce faire nous concevons un nouvel outil pour les monter qui sera plus mobile et qui nous permettra de faire des meules de taille plus conséquente.

Il faudra fabriquer et financer tout cela : L’objectif -ambitieux- est de commencer dès la saison prochaine mais cette mutation se fera tout de même sur plusieurs saisons.

Voilà pour les nouvelles de Chanon 🙂